Écoutez:
* winter morning blues
pour Abdelrazik
Écoutez une déclaration d’Abousfian Abdelrazik enregistrée le 1er avril 2009 en cliquant sur la touche de lecture ci-dessous. Vous pouvez télécharger la version MP3 ici.
En août 2011, le quotidien montréalais La Presse publiait un article basé sur une fuite d’informations du SCRS qui faisait état d’allégations non fondées contre Abousfian Abdelrazik et d’autres personnes. Le ministre de l'Immigration Jason Kenney a immédiatement réagit en soutenant que les allégations donnaient raison au service de renseignements et que « les gens devraient être patients et attentifs, et donner au gouvernement et à ses services le bénéfice du doute » quand ils étiquettent des gens comme des menaces sans donner aucune preuve. Kenney a poursuivi en disant que les groupes qui soutiennent Abousfian Abdelrazik et d'autres individus ciblés par les services de sécurité devraient « réfléchir très sérieusement à ce propos »
Nous allons continuer d’appuyer les personnes qui sont isolées par le profilage raciste et les campagnes de peur et allons joindre notre voix à toutes celles qui appellent à la démission de Jason Kenney.
La divulgation illégale du document du SCRS était stratégiquement réglée : La requête de radiation de M. Abdelrazik de la Liste 1267 du Conseil de de sécurité est présentement étudiée par les Nations Unies. Une décision pourrait être rendue dans les prochaines semaines ou prochains mois.
Considérant l'urgence de la situation pour M. Abdelrazik, le projet Retour au bercail diffuse cette courte mise à jour et demande à tous et toutes d’appuyer activement la lutte d'Abdelrazik pour la justice et sa contestation du régime 1267 de l'ONU, ainsi que tout ce qu'il représente.
Quelques temps après la publication de cet article diffamatoire, La Presse poursuivait en en publiant un second, le 1er septembre. Cette fois, les insinuations de culpabilité par association étaient basées sur un vieux document de Cour français datant de plus de onze ans, dont les affirmations ont été écartées depuis longtemps par les autorités américaines et françaises.
Cette campagne de salissage a eu lieu à un moment calculé pour faire le plus de dommages à la requête de radiation d'Abdelrazik de la « liste noire » de l'ONU. Rappelons que M. Abdelrazik a soumis une demande afin que son nom soit radié de la liste au comité de l'ONU supervisant la « liste noire » en janvier 2011. Au moment de la publication des deux articles dans La Presse, sa demande était dans les dernières étapes de la révision, qui est suivie par l’étape de prise de décision finale, durant laquelle les membres du Conseil de sécurité examinent le rapport rédigé par le ou la médiatrice. C’est à ce moment qu’ils décident s'ils vont retirer ou non son nom de la liste.
Donc, à ce moment crucial, une personne a donné à La Presse un document secret, écrit par le SCRS pour Transport Canda il y a sept ans, qui contient des allégations contre M. Abdelrazik.
La Cour fédérale a déjà jugé que ces mêmes allégations n'étaient pas prouvées, Transport Canada ne les a pas prises au sérieux et, à l’automne 2007, le SCRS et la GRC ont déclaré au gouvernement canadien n’avoir aucune information contre M. Abdelrazik. De plus, la médiatrice du comité 11267 de l’ONU, quelques semaines avant la fuite, a demandé au gouvernement canadien s’il avait connaissance de quelques raisons qui auraient justifié que M. Abdelrazik demeure sur la liste et qu’en guise de réponse, on lui a dit que le SCRS ne pouvait fournir aucune information justifiant le fait qu’il demeure sur la liste. En outre, cette fuite est illégale et cette même histoire a déjà fait l’objet d’une fuite dans les journaux en 2007. Malgré tout cela, les médias nationaux et internationaux ont sauté avec joie sur ces allégations sensationnelles, ajoutant même du piquant à l’histoire.
Cette fuite stratégique démontre la vulnérabilité d'Abdelrazik vis-à-vis du régime de « liste noire » dont tout processus de jugement en bonne et due forme et de responsabilité est absent. On ne peut qu'espérer que cette campagne de salissage médiatique ne va pas avoir d'impact négatif sur le résultat de se demande de libération (car il ne devrait pas en avoir). D'ailleurs, il y a des signes encourageants comme quoi, du moins pour certaines personnes qui comprennent les principes de base de la justice, cette histoire a rendu le manque de crédibilité du régime de « liste noire » 1267 plus apparent.
Malgré que la fuite ait été illégale, ni le SCRS, ni la GRC n’ont entrepris la moindre démarche afin de mener enquête. À titre de comparaison, en 2007, la fuite d’un document secret du SCRS contenant les mêmes allégations a provoqué une enquête interne du SCRS, ainsi qu’une enquête criminelle de la GRC. Bien qu’aucune de ces enquêtes n’ait mené à des résultats publics, l’absence complète d’inquiétude, voire de déclarations par les élus ou les membres de l’opposition cette fois-ci est certainement inquiétant.
Ce ne sont que des tentatives désespérées de légitimer un régime qui a déjà été largement rejeté. Cette fuite ne doit pas détourner notre attention de la contestation d’un régime injuste, la « liste noire » 1267 de l'ONU, ni d’outils similaires de division sociale et d'isolement d’individus par un profilage racial systématique.
La demande de radiation d'Abdelrazik et le rapport de la Médiatrice portant sur celle-ci sont présentement devant le comité du Conseil de sécurité. Le comité va bientôt rendre une décision à savoir si Abdelrazik sera retiré ou non de la liste. Cette décision devrait se prendre dans les prochaines semaines ou mois – c’est-à-dire qu’Abdelrazik pourrait recevoir une réponse n’importe quand à compter d’aujourd’hui.
Bien que nous espérions évidemment une décision positive quant à sa demande de radiation, nous savons que la décision, qu’elle soit d’un côté ou de l’autre, n'amènera pas de légitimité à un processus défini par des allégations vagues et politisées, la culpabilité par association, l'usage de renseignements obtenus sous la torture, des preuves secrètes, l'absence de normes, l'inversion du fardeau de la preuve et le manque de distinction entre l'accusateur et le juge. Cette liste noire est ultimement un outil politique avec des pièges légaux.
À la mi-juin, les sept membres d’une délégation organisée par le projet Retour au bercail ont rencontré des représentants du régime 1267 de l’ONU à New York (voir un compte-rendu de cette rencontre ici ). Plus tard, dans la meme semaine, le Conseil de sécurité se rencontrait afin de voter sur deux resolutions concernant le régime 1267. Les réformes en résultant ont été annoncées comme une étape dans l'amélioration de l'équité de cette liste noire. Pour la majeure partie, ils reflètent un changement de stratégie des États-Unis et de l'Angleterre en Afghanistan.
Une première résolution a divisé la « liste noire », créant une liste pour les personnes soupçonnées d’appuyer les Taliban et une autre pour les personnes soupçonnées d'être associées à Al-Qaïda. La nouvelle liste pour les Taliban est un outil pour le gouvernement Karzai dans ses tentatives de contrôler l'Afghanistan: les Taliban qui acceptent de travailler avec Karzai sont retirés de la liste, alors que les personnes soupçonnées d'association avec les Taliban mais qui ne soutiennent pas la constitution appuyée par les occidentaux demeurent sur la liste et donc sous sanctions. Une deuxième résolution bricolée à partir du processus de radiation de la liste 1267, est maintenant uniquement consacrée aux personnes soupçonnées d'être associées à Al-Qaïda et a été renommée la Liste 1267/1989. C'est ce régime qui continue à maintenir la vie d’Abdelrazik dans le flou le plus complet. En ce qui nous concerne, l'essence de ces réformes est qu'au lieu que tous les quinze membres détiennent un véto absolu sur les demandes de radiation, seuls cinq membres du comité auront dorénavant le pouvoir de bloquer arbitrairement une demande de retrait de la liste - l'Angleterre, la France, les USA, la Russie et la Chine.
Parallèlement à cette requête de radication, au Canada, Abdelrazik conteste les fondements légaux du régime de « liste noire » de l'ONU, qui bafoue de nombreux droits humains consacrés par les lois canadiennes (voir les démarches juridiques à (voir les démarches juridiques ). Diverses contestations judiciaires ont été remportées dans des cours de justice en Angleterre et en Europe. La cause d'Abdelrazik devrait être entendue en cour cet automne, mais aucune date n'a encore été désignée pour les audiences.
Pendant ce temps, la vie sous le régime de sanctions poursuit sa tournure bizarre et oppressive pour Abdelrazik. Les prestations d’assistance parentale qui lui sont dues par le gouvernement du Québec sont toujours retenues. Le mois dernier, la Régie des rentes a finalement envoyé la somme due à sa banque, la Caisse Desjardins. Desjardins ont promptement retourné la somme à la Régie des rentes, demandant un certificat du département des Affaires étrangères – ce que la Régie avait fait quelques mois plus tôt.
(Voir le contexte de ceci et un article ici.)
Nous avons besoin de votre aide pour trois actions immédiates.
Le Projet Retour au Bercail croit qu'il est important de continuer à demander qu'on rende des comptes pour la fuite illégale de renseignements. En même temps, nous voulons maintenir l’objectif sur le régime de “liste noire ».
Défions le quotidien La Presse : Entre le 19 et le 23 septembre, nous demandons aux organisations et individus d'écrire une lettre de plainte à la rédaction de La Presse afin de : 1. Leur laisser savoir que vous considérez la publication des articles diffamatoires sur Abousfian Abdelrazik comme étant du journalisme irresponsable et 2; demander à ce que La Presse consacre le même espace à une analyse de ce régime scandaleux qui maintient Abdelrazik dans une prison sans murs.
Référer aux articles suivants :
Addressez vos lettres au :
Président et éditeur: Guy Crevier
Écrivez à Email: commentaires@LaPresse.ca
CC :
Fabrice de Pierrebourg - fabrice.depierrebourg@LaPresse.ca
Pierre-André Normandin - pierre-andre.normandin@LaPresse.ca
Le Réseau de la Commission populaire est un groupe de travail du GRIP-Concordia qpirgconcordia.org 514.848.7585 info@qpirgconcordia.org
Contactez le Réseau de la commission populaire: GRIP-Concordia - Réseau de la commission populaire c/o Université Concordia 1455 de Maisonneuve O Montréal, QC, H3G 1M8 commissionpopulaire@gmail.com
Ce site est basé sur le Fluid 960 Grid System