Écoutez:
* winter morning blues
pour Abdelrazik
Écoutez une déclaration d’Abousfian Abdelrazik enregistrée le 1er avril 2009 en cliquant sur la touche de lecture ci-dessous. Vous pouvez télécharger la version MP3 ici.
M. Abousfian Abdelrazik est un Montréalais dont le dossier rappelle ceux de Maher Arar, Abdullah Almalki, Ahmad El Maati et Muayyed Nureddin, tous victimes de la version canadienne de la sous-traitance de la torture. Selon un document rendu public par le ministère des Affaires étrangères, il a été emprisonné sous les recommandations du Service canadien de renseignement et de sécurité (SCRS) lors d'une visite au Soudan.
Aucune accusation n'a jamais été déposée contre lui. En prison, il a été battu, menacé et torturé. C'est dans ce contexte qu'il a été interrogé par des agents du SCRS et séparément par les services secrets soudanais et français, ainsi que par le FBI. L'ambassade canadienne a reçu des instructions du gouvernement canadien à savoir que « le personnel diplomatique ne devait pas accompagner Abdelrazik lors de l'entretien avec le FBI. »
Malgré qu'il ait été finalement relâché et lavé de tout soupçon par le gouvernement soudanais et, plus tard, par la GRC et le SCRS, les autorités n'ont pas appuyé ses diverses tentatives de retour à Montréal, même qu'elles les ont activement bloquées
Le nom d'Abdelrazik a été placé sur la liste 1267 de l'ONU en 2006 par l'administration Bush. La liste 1267 impose une interdiction de voyager, d'avoir des armes, ainsi qu'un gel complet des avoirs aux individus dont le nom y figure. Abdelrazik n’a jamais été informé de son inscription sur la liste, ni des raisons pour lesquelles il y apparaissait, pas plus qu’il n’a eu l’occasion de se défendre.Comme le juge Russel Zinn de la Cour fédérale a statué plus tard en ce qui concerne le dossier d'Abdelrazik, « Il n'y a rien dans la procédure de la liste (1267), que ce soit pour l'inscription ou le retrait d'un nom, qui reconnaisse les principes de justice naturelle ou qui assure une équité procédurale des plus élémentaires.»
Soumis à un gel complet de ses avoirs ainsi qu'à une interdiction de vol, Abdelrazik s'est retrouvé complètement démuni et nécessitant plus que jamais l'assistance du gouvernement canadien afin de rentrer à la maison. Celui-ci a refusé de lui venir en aide. Lors d'une visite officielle au Soudan en mars 2008, le député conservateur Deepak Obhrai, alors secrétaire parlementaire du Premier ministre Harper, a demandé à rencontrer Abdelrazik. Au lieu de lui venir en aider, Obhrai et un autre représentant officiel du gouvernement l'ont questionné quant à ses positions politiques : son point de vue sur Israël, le Hamas et Ben Laden.
Enfin, dans un effort pour attirer l'attention sur sa situation, il a rendu publique son histoire en avril 2008, alors qu'on lui accordait un « refuge sécuritaire temporaire » à l'ambassade du Canada à Khartoum. Il y est demeuré 14 mois et, durant tout ce temps, plusieurs officiels canadiens ont continué de chercher par tous les moyens possibles à le laisser hors du pays.
En décembre 2008, le gouvernement a indiqué dans une lettre qu'Abdelrazik devait présenter un billet d'avion dûment payé pour que Passeport Canada accepte de lui émettre titre de voyage d'urgence. Au même moment, alors que le gouvernement connaissait la situation vulnérable d'Abdelrazik, que quiconque contribuerait à l'achat de ce billet pourrait être poursuivi en vertu de l'article 3 du Règlement d'application des résolutions des Nations Unies sur Al-Qaïda et les Talibans (qui met la liste 1267 en application au Canada et selon lequel « il est interdit à toute personne au Canada et à tout Canadien à l'étranger de fournir ou de collecter sciemment, par quelque moyen que ce soit, directement ou indirectement, des fonds avec l'intention qu'ils soient utilisés » par une personne inscrite sur la liste des Nations Unies).
En mars 2009, plus de cent personnes ont contribué à l'achat d'un billet d'avion pour le vol de retour d'Abdelrazik, au risque d'être poursuivies (Et les gens continuent de contribuer – de mars à juin, environ 250 personnes, de partout au Canada et de tous les secteurs de la société, ont contribué au fond de solidarité, mettant ainsi au défi la position gouvernementale).
Le billet était prévu pour le 3 avril. Cependant, quelques heures avant que le vol ne quitte l'aéroport de Khartoum, Lawrence Cannon, Ministre des Affaires étrangères, a refusé d'émettre à Abdelrazik le titre de voyage d'urgence dont il avait besoin pour embarquer à bord de l'avion. Le 4 juin, le juge de la cour fédérale Russel Zinn à déclaré que l'action de Lawrence Cannon était abusive et violait les droits d'Abdelrazik, et a ordonné au gouvernement de rapatrier sans délai Abdelrazik (voir l'ordre de la cour ici). Mis au pied du mur, le gouvernement n'a eu d'autre choix que d'obtempérer. Le 27 juin, Abdelrazik était de retour à Montréal et a finalement pu retrouver sa famille.
Abdelrazik passe maintenant à la 2e étape de sa lutte : qu'on lui rende des comptes pour ce qu'il a subi (c'est-à-dire que les personnes qui ont joué un rôle dans le traitement qu'il a reçu en répondent devant la justice afin que cela n'arrive plus à personne) et faire enlever son nom de la liste 1267 afin qu'il puisse vivre une vie normale.
Le dernier aspect est le plus urgent. La régulation rendant applicable cette liste au Canada (le Règlement d'application des résolutions des Nations Unies sur Al-Qaïda et les Talibans) empêche toute personne de fournir une aide matérielle à Abdelrazik - incluant un salaire, un prêt de quelque montant que ce soit, de la nourriture ou des vêtements – et même une assurance santé.
Le Réseau de la Commission populaire est un groupe de travail du GRIP-Concordia qpirgconcordia.org 514.848.7585 info@qpirgconcordia.org
Contactez le Réseau de la commission populaire: GRIP-Concordia - Réseau de la commission populaire c/o Université Concordia 1455 de Maisonneuve O Montréal, QC, H3G 1M8 commissionpopulaire@gmail.com
Ce site est basé sur le Fluid 960 Grid System